L’actualité des derniers mois a souvent conduit à des débats quelque peu pessimistes sur l’avenir du système de santé en général et sur celui des kinés libéraux et hospitaliers en particulier. Pourtant, des constats laissent entrevoir des voies d’amélioration, mais aussi d’espérer un avenir plus apaisé. La démographie de la profession fait partie de ceux-ci, comme le révèle la dernière étude de l’ordre.
La profession est-elle prête à relever les défis pour mieux prendre en charge les patients ?
Quils soient libéraux ou qu’ils exercent à l’hôpital, qu’ils viennent d’obtenir leur diplôme de masseur-kinésithérapeute ou qu’ils soient expérimentés, qu’ils exercent en ville ou dans des déserts médicaux, les kinés sont pleinement conscients des profondes mutations à venir en ce qui concerne notre système de santé. À l’instar de tous les autres soignants, les kinés libéraux et hospitaliers attendent avec impatience – et, il faut bien l’avouer, une certaine fébrilité – les conclusions qui se dégageront des débats du CNR Santé (Conseil National de la Refondation). S’ils sont prêts à affronter chaque problématique soulevée, les masseurs kinésithérapeutes veulent aussi connaître précisément l’état de leur profession. Cest pour leur répondre, mais aussi pour apporter des éclairages pertinents aux autorités publiques que l’Observatoire de la démographie du Conseil National de l’Ordre des masseurs kinésithérapeutes publie régulièrement une étude détaillée sur la profession. L’édition 2022, basée sur les données enregistrées au 1er janvier 2022, a été publiée, en tenant compte des conséquences de la crise sanitaire liée au coronavirus.
En effet, cette dernière nest pas sans conséquences sur la démographie de la profession, puisqu’elle a conduit certains kinés libéraux notamment à anticiper leur départ en retraite et qu’elle a influé sur le mode d’exercice de certains autres professionnels (exercice exclusif en tant que kiné libéral remplaçant par exemple).
La démographie des masseurs kinésithérapeutes, un atout pour se projeter dans l’avenir ?
La précédente édition du rapport (en 2020) soulignait l’importance de la profession pour garantir la santé de la population. Depuis, la crise du coronavirus et de nouvelles études ont renforcé les exigences, qui se feront sentir sur la profession. Cest ce que soulignait un rapport de la DREES (Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques) en soulignant que « les besoins de soins en kinésithérapie d’ici 2040 augmenteront fortement compte tenu du vieillissement de la population et de la concentration de la consommation de soins de kinésithérapie sur les personnes les plus âgées (les personnes de plus de 75 ans en consomment en effet cinq fois plus que les autres) ». Les masseurs kinésithérapeutes devront donc être plus nombreux dans les années à venir.
Le nombre de masseurs kinésithérapeutes a augmenté de 13.5 % entre 2018 et 2022. Il faut souligner que l’augmentation des professionnels salariés (+16.1 %) est plus importante que celle des kinés libéraux (+ 13.1 %) sur la même période. Faut-il y voir les premiers signes d’une politique ambitieuse visant à rendre l’exercice hospitalier plus attractif à la suite de la crise du Covid-19 ? Probablement, même s’il faudra attendre quelques mois ou années pour pouvoir le confirmer.
Bien que l’étude pointe encore d’importantes disparités régionales en ce qui concerne la répartition des kinés libéraux et salariés, elle souligne également que la quasi-totalité des territoires de l’Hexagone a enregistré une augmentation de la densité de masseurs-kinésithérapeutes. Et la profession anticipe aussi les évolutions démographiques des prochaines années, puisque les places disponibles en IFMKR (Institut de Formation en Masso-kinésithérapie) ont, elles aussi, cru de 8.7 % entre 2018 (2789 places) et 2022 (3031 places). La création de nouveaux instituts de formation doit non seulement répondre à ce besoin de nouveaux professionnels tout en apportant des réponses efficaces aux problématiques de déserts médicaux dans certains territoires. Enfin, l’étude souligne que les professionnels diplômés hors de France compensent en partie le manque de kinés en France, puisqu’ils représentaient 23.4 % en 2018 de l’ensemble de la profession contre 28.3 % en 2022.
Toujours est-il que dans son édito, Mme Pascale Mathieu, présidente du CNOMK, se félicite de ces constats en rappelant :
Le recours aux kinésithérapeutes est une des solutions facilement mobilisables pour répondre aux enjeux de santé actuels, et leur démographie le permet.
Partagez-vous l’optimisme de cette étude démographique ? Estimez-vous que les kinés libéraux et hospitaliers soient prêts à faire face aux enjeux de demain ? Pourquoi ?
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