Alors que la France lève peu à peu toutes les contraintes liées à l’état d’urgence sanitaire, les masseurs kinésithérapeutes voient arriver, depuis plusieurs semaines, de nouvelles catégories de patients. Alors le retour à la normale est-il envisageable à court terme ?
Le mal de dos, mal du siècle et mal du confinement
Souvent qualifiés de « mal du siècle », les maux de dos concernent la très grande majorité des Françaises et des Français. 80 % de la population est (ou sera) confrontée à de telles douleurs à un moment ou à un autre de sa vie. Pourtant, en parlant de mal de dos, les patients désignent des pathologies aussi nombreuses que variées. De la lombalgie à l’hernie, de la sciatique au lumbago, ces douleurs chroniques ou aiguës poussent un grand nombre de patientes et de patients à consulter un masseur-kinésithérapeute et / ou un ostéopathe. Et cette partie de la patientèle des cabinets de kinésithérapie connait depuis quelques semaines une hausse conséquente, puisque les « blessés du confinement » cherchent désormais des solutions à ces douleurs apparues avec le changement de leur mode de vie.
En effet, l’épidémie de coronavirus a imposé, pour un grand nombre de patients, le recours au télétravail. Des chaises ou des fauteuils non adaptés, des équipements inadaptées, comme l’utilisation intensive d’un ordinateur portable obligeant à baisser la tête en permanence… sont à l’origine de nombreuses douleurs pour les patients, ce qui a contribué à changer la clientèle des kinés libéraux depuis plusieurs semaines. Cest ce que confirmait un kiné du sport aux journalistes d’Europe 1 : « Jai 70% de patients qui représentent des problèmes liés aux cervicalgies, aux lombalgies et à des douleurs aux genoux, car les gens passent leur temps à rester assis ». La « lombalgie du télétravailleur », comme la désignent certains masseurs kinésithérapeutes, constitue aujourd’hui un des motifs les plus fréquents de consultation.
Cela justifie aussi, que de plus en plus d’entreprises prennent conscience de l’importance du phénomène, et que la kinésithérapie peut être bénéfique pour accompagner une pérennisation de ce travail à distance. Le travail de prévention du masseur kinésithérapie est alors sollicité au même titre qu’il l’est dans la prévention des troubles musculo squelettiques (TMS).
Les kinés libéraux au chevet des patients Covid-19
Mais les cabinets de kinésithérapie voient aussi arriver une nouvelle catégorie de patientèle, désignée sous le terme générique de « Patients Covid long ». Et le phénomène est loin d’être anecdotique, puisque près de 20 % des contaminés du Covid-19 ressentent des symptômes multiples 5 semaines après leur contamination. Alors que ces conséquences ne sont pas encore bien connues (comme l’épidémie elle-même), la Haute Autorité de Santé (HAS) a déjà publié des recommandations pour les masseurs kinésithérapeutes pour la prise en charge de ces patients. Bien évidemment, le kiné libéral interviendra pour la rééducation respiratoire des patients ou encore la rééducation à l’effort.
Mais les autorités sanitaires recommandent aussi et surtout une approche « empathique », en incitant les kinés (et les autres soignants concernés) à écouter les patients et à les accompagner vers une plus grande autonomie. Apprendre aux patients à « s’autogérer » fait partie de ces recommandations, parmi lesquelles on retrouve également une orientation de certains vers un suivi psychologique personnalisé.
Enfin, les masseurs kinésithérapeutes se préparent aussi à revoir une partie de leur patientèle avec la sortie de l’état de crise sanitaire. En effet, les salles de sport ont rouvert leurs portes, les clubs et associations sportives se préparent à accueillir à nouveau leurs adhérents. Et ce retour massif de la pratique sportive, après des mois d’un mode de vie bien plus sédentaire, ne sera pas sans risques.
Cest donc bien un retour à la normale, très progressif, que vivent actuellement une grande majorité des cabinets de kinésithérapie, une évolution à laquelle les kinés libéraux font face et continueront de s’adapter dans les semaines à venir.
Et vous, avez-vous constaté une évolution dans la typologie de votre patientèle ? Comment envisagez-vous l’évolution à court, moyen et plus long terme ?
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