« Sur dotées » ou « sous dotées », les régions françaises ne sont pas égales s’agissant du choix d’installation d’un kiné libéral ? Si ce zonage du territoire repose sur une ambition de santé publique, certains en dénoncent l’utilité.
L’installation d’un kiné libéral, une carte de France à bien connaître
Depuis que la Caisse primaire d’Assurance Maladie a introduit le zonage pour l’installation des masseurs kinésithérapeutes, souhaitant exercer sous forme libérale, la problématique a fait couler beaucoup d’encre. Si la mesure est présentée comme un accompagnement à la lutte contre les déserts médicaux, elle est vécue comme une véritable injustice par certains professionnels, qui regrettent de ne pas pouvoir s’installer où ils le souhaitent.
Tous les 5 ans, les différentes ARS (Autorité Régionale de Santé) cartographient ainsi leur territoire afin de définir les zones surdotées, très dotées, intermédiaires ou sous dotées. Si le contrat incitatif doit attirer les kinés libéraux vers les zones sous dotées, l’absence de conventionnement est un obstacle infranchissable pour celles et ceux, qui souhaiteraient exercer en zones surdotées. Alors ce dispositif, présenté comme un ensemble de « dispositions conventionnelles destinées à encourager une plus juste répartition des professionnels sur le territoire », est-il bénéfique aux patients et aux patientes concernés ? Et qu’en est-il vraiment en ce qui concerne les kinés libéraux eux-mêmes ?
Quand les kinés libéraux sont trop nombreux, une situation pas si aisée que cela à comprendre
Cest donc pour réguler l’installation des kinés libéraux que les autorités publiques définissent ces zones sur et sous dotées. En théorie, le système peut apparaître comme une solution efficace pour garantir l’accès aux soins à tous les patients, quel que soit leur lieu de résidence. Pourtant, la réalité est bien différente, comme le soulignent de nombreux masseurs kinésithérapeutes. Cest ce que révèle une étude du journal L’Indépendant, qui s’est attaché à étudier la situation en plusieurs secteurs du département des Pyrénées-Orientales. La question peut apparaître saugrenue à un moment, où une grande partie de la population s’inquiète de la progression des déserts médicaux, mais le journal catalan a souhaité s’interroger sur le quotidien des kinés libéraux et de leurs patients dans des zones, où ces professionnels sont sur représentés.
Comme partout ailleurs en France, les zones surdotées ne sont plus accessibles à la création de cabinet de kinésithérapie ni même de recrutement d’un jeune kiné libéral dans un cabinet déjà existant. Pour s’affranchir de ces règles, il faut obtenir une dérogation. Stéphane Galinier de la Fédération française des masseurs kinésithérapeutes rééducateurs s’interroge
« Alors que l’on sait que la population s’accroît de 10?% tous les ans, où vont se faire soigner les patients si plus aucun collègue, comme cest déjà le cas, ne peut les prendre?? »
Et les patients, bénéficiaires ou victimes de la surreprésentation de kinés libéraux ?
Dans le département, certains kinés libéraux soulignent que la population croit de manière conséquente, de l’ordre de + 10 % chaque année. Ils s’interrogent donc sur le sort des nouveaux arrivants, que les cabinets existants ne pourront plus recevoir. La solution imaginée par la Caisse d’Assurance Maladie ne serait pas adaptée puisque trop comptable. Mr Galinier conclut en affirmant que les autorités se trompent en imaginant qu’en « limitant l’offre, on va limiter la demande et faire des économies. »
L’Assurance Maladie se défend de cette situation, justifiant la décision prise par une situation bien réelle et contrôlable. Certes, le zonage pour les kinés libéraux représente une entrave à la liberté d’installation de ces professionnels de santé, mais il répond aux besoins des patientes et des patients. D’autant plus que la mesure nest prise que pour 5 ans, date limite à laquelle de nouvelles études démographiques viendront modifier le zonage actuel.
Si la question ne se pose pas uniquement pour ce département du sud de la France, il prend ici une dimension particulière. En effet, ils sont nombreux les jeunes diplômés à vouloir venir ouvrir un cabinet de kiné libéral dans le département, puisque outre les étudiants ayant obtenu leur diplôme en France, de nombreux étudiants (français ou étrangers) ayant suivi leurs études en Espagne limitrophe ambitionnent de s’installer de ce côté-ci de la frontière.
Et vous, que pensez-vous des règles encadrant le zonage des kinés libéraux en France ? Est-ce une bonne idée, ou un obstacle inutile pour le développement de la profession ?
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